Patrick Crispini

Chef d’orchestre, musicien, pédagogue

Vertiges de la valse, une révolution à 3 temps

Depuis 1958, le monde se met au diapason de la grâce, lors du concert de nouvel an retransmis chaque 1er janvier en eurovision depuis la salle dorée du Musikverein de Vienne. La valse viennoise mène le bal mais dissimule une histoire de conquête bien plus révolutionnaire qu’il n’y paraît. Le mot valse provient de l’allemand walzen (tourner en rond) qui a des origines très anciennes. Sa nature paysanne et sautillante va se métamorphoser au XIXe siècle en une danse de salon encore très corsetée. En 1774, Goethe intègre la valse dans une scène célèbre des Souffrances du jeune Werther, lui accordant une place désormais essentielle dans les élans du romantisme naissant. Elle fait son entrée dans les salons bourgeois. Dès le Congrès de Vienne de 1815, on comprend la force mobilisatrice et fédératrice de cette danse à trois temps, désormais libérée des codes de cour. On bâtit un peu partout des grandes salles de bal recouvertes de parquet ouvertes au public qui y manifeste son accession à de nouveaux plaisirs réservés jusque-là à l’aristocratie. Longtemps jugée inconvenante par son image de couple enlacé, et non plus côte-à-côte ou vis-à-vis comme dans les danses de cour, la valse inaugure une nouvelle sensualité.

Cette page est tirée du site de l’UNAB.